La définition du terme de forêt est
complexe et sujette à controverses. Elle concerne le dedans, et le dehors de la
forêt, son caractère ancien ou non voire ses marges, elle doit tenir compte de
la surface, de la densité, de la hauteur des arbres et du taux de recouvrement
du sol, mais aussi du contexte biogéographique
Ainsi, au Sahel, un boisement est
considéré comme forêt à partir d'un taux de recouvrement de 10 % alors qu'en
Europe (définition CEE-ONU/FAO), on ne parle de forêt qu'à partir d'un taux de recouvrement
de 20 % et d'une surface de plus d'un demi-hectare.
Des définitions plus spécifiques sont
données par d'autres organisations : le Programme des Nations unies pour
l'environnement(PNUE) utilise 40 % de couverture comme le seuil pour les «
forêts fermées » et 10 à 40 % de couverture pour les « forêts ouvertes »
Le projet Tropical Ecosystem
Environment Observations by Satellite (TREES), fondé en 1991 par la Commission
européenne, classifie les surfaces avec plus de 70 % de couverture de canopée
comme étant des « forêts denses » et celles avec 40-70 % de couverture comme
des « forêts fragmentées ».
L’organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) donne de la forêt la définition suivante
: Sont considérées comme forêts « des terres occupant une superficie de plus de
0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à cinq mètres et
un couvert arboré de plus de 10 %, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. La
définition exclut les terres à vocation agricole ou urbaine prédominante ».
En complément, la FAO définit la
notion de terres boisées : « Des terres qui couvrent une superficie de plus de
0,5 hectare avec, soit des arbres d’une hauteur de plus de 5 mètres et un
couvert forestier de 5 à 10 %, soit des arbres capables d’atteindre ces seuils
in situ.
Surfaces boisées dans le monde
Les forêts et autres types de terres
boisées couvrent au total près de 4 milliards d'hectares dans le monde, soit
30% de la superficie des terres émergées.
la Organisation des Nations unies
pour l'alimentation et l'agriculture a estimé la forêt mondiale à presque 0,62
ha/habitant.
Mais la forêt est mieux préservée sur
la ceinture tropicale humide et au nord de la zone tempérée dans l'hémisphère
nord.
Ailleurs, dans 64 pays abritant un
total de 2,0 milliards d'habitants, on compte en 2005 moins de 0,1 hectare de
forêt par personne, chiffre qui diminue inéluctablement alors que le taux de
population augmente et que la forêt régresse.
Sept pays ou territoires ne possèdent
plus aucune forêt et dans 57 autres pays, elles ne couvrent plus que moins de
10 % des terres
La déforestation annuelle représente
-7,3 millions d'ha pour la période 2000-2005. Ce bilan fait apparaître une
amélioration sensible par rapport à la décennie 1990/2000 pendant laquelle le
recul annuel des surfaces forestières s'élevait à -8,9 millions d'ha.
D'importantes disparités ressortent
de l'examen des statistiques régions par région : pour la période 1990/2005,
les surfaces forestières ont reculé de 19% en Amérique centrale, de 9,1% en
Afrique et de 6,6% en Amérique du Sud, tandis qu’elle progressait en moyenne de
1,2% pour l'ensemble de l'Europe. Mais là encore, des disparités existent
puisque la forêt a surtout augmenté dans l'Union européenne (+7,3%).
Caractéristiques des forêts du monde
Forêt primaire : composée d'espèces
indigènes, sans trace visible d'activité humaine. Les forêts primaires
représentent encore plus du tiers des forêts du monde, mais chaque année, six
millions d'ha disparaissent, soit par déforestation, soit par modification
Forêt naturelle modifiée : composée
d'espèces indigènes, avec des traces d'activité humaine et une régénération
naturelle
Forêt semi-naturelle : gérée selon
les règles de la sylviculture et aménagée selon des besoins prédéfinis
Plantation de production : espèces
introduites (et parfois indigènes) par semis ou plantations pour la production
de bois ou de produits non ligneux
Plantation de protection : espèces
introduites ou indigènes par semis ou plantation pour la protection des sols,
des eaux, la conservation de la biodiversité...
Les plantations de production et de
protection ont progressé de 2,8 millions d'ha par an entre 2000 et 2005. Elles
couvrent désormais 140 millions d'ha, principalement au bénéfice des plantations
de production.
Les chiffres de surface forestière
varient donc selon les sources. Ainsi, tout l'Est de la Taïga russe, formé de
formations basses de conifères nains, sera, selon les sources, comptabilisé ou
non en forêt, ce qui fera varier la surface forestière de plus ou moins 20 %.
Concept botanique des forêts
Du point de vue botanique, une forêt
est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée,
mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des
épiphytes.
Plusieurs arbres forestiers vivent en symbiose
avec des champignons et d'autres micro-organismes, et beaucoup dépendent
d'animaux pour le transport de leur pollen, de leurs Concept écologique des forêts
Du point de vue de l'écologie, la
forêt est un écosystème complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de
nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et
microbiennes entretenant entre elles, pour la plupart, des relations
d'interdépendance.
Malgré une apparente évidence,
définir la forêt reste donc délicat : où arrêter les limites de :
Hauteur de végétation (une plantation
de jeunes pousses est-elle une forêt ?),
Superficie minimale (à partir de
quelle superficie passe-t-on d'un jardin boisé à un bois puis à une forêt ?),
Degré de proximité ou de «
sociabilité » des arbres (un terrain portant des arbres distants de plusieurs
dizaines de mètres est-il encore une forêt ?)
Qualité (un boisement monospécifique
d'eucalyptus ou de peupliers, de pins ou de sapins d'une même classe d'âge,
plantés en alignements stricts est-il une forêt ou une simple culture sylvicole
?).Graines ou de leurs propagules.
Pour l'IFN (Inventaire forestier
national) : « Sont considérés comme formations boisées de production des formations
végétales comprenant des arbustes appartenant à des essences forestières qui
satisfont aux conditions suivantes :
soit être constituées de tiges
recensables (diamètre à 1,30 m du sol égal ou supérieur à 7,5 cm) dont le
couvert apparent (projection de leur couronne au sol) est d'au moins 10 % de la
surface du sol.
soit présenter une densité à
l'hectare d'au moins 500 jeunes tiges non recensables (plants-rejets-semis),
vigoureuses, bien conformées, bien réparties ; avoir une surface d'au moins 5
ares avec une largeur de cime d'au moins 15 mètres ; ne pas avoir une fonction
de protection ou d'agrément.
l'IFN comptabilise les peupleraies et
plantations d'eucalyptus ou d'autres essences non autochtones dans les forêts,
alors que d'autres définitions les en écartent et les considèrent comme des
plantations voire une forme d’agrosylviculture.
La définition la plus récente de
l'IFN stipule qu'une forêt est "un territoire occupant une superficie d'au
moins 50 ares, avec des essences forestières [arbres poussant en forêt]
capables d'atteindre une hauteur supérieure à 5 m, avec un couvert arboré de
plus de 10 % et une largeur moyenne d'au moins vingt mètres.
La forêt se subdivise en bois et boqueteaux,
ne comprend pas les bosquets, mais inclut les peupleraies
On parle aussi de « forêt
patrimoniale » (« reconnues pour la qualité de la mise en scène qu'elles
offrent, pour la richesse des écosystèmes qu'elles organisent, pour la valeur
historique, mémorial, affective, voire émotionnelle qu'elles portent en elles »
de forêt paysanne ; c'est la forêt
utilisée par les paysans et agriculteurs, dans les régions très forestières.
Après un certain temps survient
une perturbation qui fait reprendre le « cycle » à son début
(ou à un stade intermédiaire si la perturbation est peu importante).
Au fur et à mesure de cette
succession, les communautés végétales (et les communautés microbiennes,
fongiques et animales qui leur sont associées évoluent) en se remplaçant les
unes les autres.
La biodiversité forestière
La forêt est caractérisée par une
grande diversité en habitats, en niches écologiques, et surtout par une
structuration en hauteur (atteignant plusieurs dizaines de mètres, de la sphère
racinaire à la canopée) plus complexe que dans les autres écosystèmes
terrestres.
Cette diversité évolue dans le temps
et l'espace, au gré de perturbations (naturelles ou anthropiques) selon un
pattern et des structures récurrentes, correspondant à un cycle théorique dit «
cycle sylvogénétique »
verticalement, la forêt possède
grossièrement quatre « étages » de végétation qui sont les strates muscinales
(mousses), herbacées, arbustives et arborescentes, auxquels il faudrait ajouter
les étages souterrains des systèmes racinaires, symbiosés aux mycéliums
fongiques ;
Horizontalement, elle comporte de
nombreux micro-milieux ou microstations (écosystèmes boisés distincts, au sein
d'un même massif forestier) dépendant de facteur abiotiques différents.
En suivant la flèche du temps, la
structure forestière tend à évoluer vers un stade fermé dit climacique, mais
qui finit toujours localement par s'ouvrir à la lumière, à la suite d'une
perturbation feu, inondation, glissement de terrain, etc.), permettant le
retour au stade pionnier et aux stades suivants ;
Le bois mort constitue lui-même un
habitat essentiel, irremplaçable pour de nombreuses espèces qui contribuent au
recyclage de la nécromasse ligneuse, et à la fertilité des forêts ;
Les ressources alimentaires sont
également abondantes, variant selon l'étage de la forêt : racines, mousses,
lichens, champignons, feuilles, sève élaborée, bois vivant ou mort, fleurs,
fruits et graines, nécromasse végétale, animale, fongique...
La déforestation (Contexte
historique)
Les forêts ont joué un rôle essentiel
dans l’histoire de l’humanité. Depuis des millénaires, des épisodes de
déforestation accompagnent la croissance démographique et le développement dans
le monde entier.
Des facteurs comme les changements
climatiques, les cultures, les technologies et les échanges ont contribué, dans
une large mesure, à accélérer ou ralentir la déforestation – voire à
l’inverser.
Au fil du temps, les interactions entre les êtres
humains et les forêts ont évolué, en fonction des mutations sociales et
économiques. L’histoire nous apprend qu’il existe des liens solides entre l’utilisation
des forêts (y compris la déforestation)
et le développement économique et social, mais aussi entre la destruction des
forêts (avec des effets irréversibles sur l’environnement) et le déclin
économique.
Les décideurs doivent tenir compte du paradoxe suivant: les forêts,
les produits forestiers et les services écosystémiques rendus par les forêts sont essentiels, mais dans
certaines circonstances, des exigences plus pressantes se font pour
l’utilisation des sols occupés par les forêts.
D’un point de vue historique, on peut
comprendre à quel point il est important – mais aussi difficile – de préserver
les forêts et d’assurer un juste équilibre entre la conservation et l’exploitation des forêts,
en pratiquant une gestion durable des ressources forestières, pour maximiser les effets positifs des forêts
sur le plan économique, social et environnemental.
La réduction, la modification et
l’élimination des forêts – en un mot, la déforestation – ne sont pas un phénomène récent: elles remontent à
l’arrivée des êtres humains sur terre et constituent l’un des processus
essentiels qui ont marqué l’histoire de
la transformation des terres forestières par
l’être humain
L’histoire de l’humanité, c’est aussi
l’histoire de l’utilisation des
différentes forêts de la planète et de
leurs nombreux produits. Les forêts ont
en effet été une source de matières premières pour la construction, les
transports et les communications; une
source d’aliments et d’énergie pour leur cuisson et lorsque les forêts
sont défrichées – une source de terres
pour la construction de fermes et de villes.
La plupart des sociétés ont eu le
plus grand mal à gérer durablement les
forêts. La recherche de nouveaux approvisionnements en produits forestiers, disponibles en quantités
limitées, a été l’un des facteurs
encourageant les échanges; en outre, la
pénurie constante de ces ressources a finalement été la cause de migrations.
L’histoire de l’humanité, c’est
aussi l’histoire de la déforestation et
de ses graves retombées sur
l’environnement, qui peuvent parfois contribuer à l’effondrement de sociétés.
Les forêts ont évolué sur des
millions d’années et ont fortement subi
les effets des oscillations du climat, entre le chaud et le froid. Les ères
glaciaires ont duré de 80 000 à 100 000 ans, entrecoupées par des périodes
interglaciaires plus chaudes de 10 000 à 15 000 ans. La dernière grande ère glaciaire s’est terminée
il y a environ 10 000 ans, laissant des
forêts sur près de 6 milliards d’hectares, soit près de 45 pour cent des
terres émergées de la planète.
Au cours des 10 000 dernières
années, des cycles successifs de
changement du climat et des températures
ont continué à avoir des effets sur les forêts
du globe, alors que les effets de l’activité humaine ont commencé à se faire de plus en plus sentir
À mesure qu’augmentait la population
et que se développaient les activités économiques, les êtres humains ont aussi amélioré leur
aptitude à intervenir sur le monde
naturel. Cette intervention trouve sa
manifestation la plus évidente dans le défrichement des forêts. La déforestation – c’est-à-dire
le défrichement de forêts pour utiliser
les terres à d’autres fins ou pour les
laisser en friche – est l’un des changements les plus étendus et les plus
importants que les êtres humains ont
apportés à la surface du globe.
Sur 5 000 ans, les pertes cumulatives
de terres forestières dans le monde entier sont estimées à 1,8 milliard
d’hectares, soit une perte moyenne nette
de 360 000 hectares par an.
La croissance démographique et la
forte expansion de la demande d’aliments, de fibres et de combustible ont accéléré le défrichement des
forêts, les pertes moyennes nettes se situant
à environ 5,2 millions d’hectares au
cours des dix dernières années (FAO,
2010).
À l’échelle mondiale, la
déforestation a plus ou moins suivi le
rythme de la croissance démographique,
même si elle était plus rapide que la croissance démographique avant
1950 et plus lente depuis cette date
Les taux de déforestation et de
croissance démographique ont plusieurs autres caractéristiques communes: ils
ont tendance, l’un comme l’autre, à varier entre les différentes régions du monde; ils ont aussi tendance à
augmenter pendant les périodes de développement économique et à se stabiliser, voire à baisser, lorsqu’une
société atteint un certain niveau de richesse.
Jusqu’au début du vingtième siècle,
les taux de déforestation les plus élevés étaient relevés dans les forêts tempérées d’Amérique du Nord,
d’Asie et d’Europe. Les défrichements de forêts étaient dus, pour l’essentiel, à l’expansion de la
production agricole, mais ils étaient
aussi imputables au développement
économique et à son corollaire, l’exploitation – souvent non durable – des forêts pour l’approvisionnement en matières premières et en combustible.
Ces
tendances ont évolué au cours du vingtième siècle. Si la
déforestation a ralenti dans les zones tempérées, elle a en revanche augmenté rapidement dans les
forêts tropicales du monde, où elle reste
actuellement élevée, principalement en raison de la forte dépendance à l’égard d’activités économiques à base
foncière
La demande en terres agricoles et en
produits nécessaires à une économie
agricole devient une préoccupation primordiale et la fourniture de
services écosystémiques, notamment l’eau
d’irrigation, se hisse au rang
d’objectif hautement prioritaire.
L’industrialisation entraîne des
changements radicaux dans l’utilisation
des forêts, la priorité allant à la
production de matières premières (y compris bois, cultures industrielles, énergie et minéraux),
alors que la demande se déplaçait des
essences feuillues (combustible et fourrage pour les animaux) vers les essences résineuses (pour la construction
et la fabrication de papier).
Le développement d’une économie postindustrielle fondée sur les
services détermine une nouvelle
modification des priorités en matière de
gestion des forêts, une attention accrue étant
accordée à la fourniture de services écosystémiques et, notamment, à la valeur d’agrément des
forêts. Les conflits liés à
l’utilisation des forêts se font âpres lorsque
différents segments de la société – préagraire, agraire, industrielle et
postindustrielle – utilisent les mêmes forêts
pour satisfaire des besoins divergents