La sylviculture est l'ensemble des
méthodes et des pratiques par lesquelles le « sylviculteur » agit sur le
développement, la gestion et la mise en valeur d'une forêt ou d'un boisement
pour en obtenir un bénéfice économique et/ou certains services profitables à la
société (dans une approche de forêt dite multifonctionnelle).
Une sylviculture est dite « durable
», quand le sylviculteur s'assure que le capital forestier est acquis et
optimisé, et qu'il peut être maintenu pour les générations futures, pour en
durablement retirer des bienfaits ou des produits comme le bois, sans dégrader
ce capital.
Ceci nécessite la prise en compte appropriée
des facteurs écologiques et abiotiques du site
La sylviculture a évolué, passant de
quelques types de coupes et traitements de régénération à une panoplie de
traitements souvent plus mécanisés ayant des objectifs de composition et de
structure des peuplements forestiers visant à répondre aux objectifs de l’aménagement
forestier.
Concrètement, les forestiers
interviennent sur les peuplements d'arbres
de manière additive, en plantant ou
en stimulant la régénération naturelle, et
de manière soustractive, en récoltant
le bois ou les autres produits, également en réduisant de manière sélective une
partie de la végétation pour concentrer le développement des arbres et des
divers végétaux qui sont maintenus.
On considère dans ce cours principalement les aspects
sylvicoles suivants :
les objectifs : choix de produits ou
services visés ; avec objectifs de quantités et qualités, des échéances et
d'éventuelles exigences sociales et/ou environnementales ?
les traitements sylvicoles : ils
dépendent des choix de modes de croissance visés, et du renouvellement retenu
pour le peuplement forestier ;
OBJECTIFS SYLVICOLES
Traditionnellement, la sylviculture
visait à fournir une récolte prévisible de produits qui est le bois.
Dans le contexte actuel de la
foresterie, la sylviculture vise également à attribuer d'autres valeurs non marchandes
au milieu forestier telles que :
la stabilité des sols pour limiter
les risques d'érosion,
Le maintien des populations indigènes
d'organismes vivants et l'amélioration de leurs habitats,
la production de la nourriture pour la faune,
L’amélioration des qualités visuelles
du paysage,
la création des espaces récréatifs, etc.
ITEMENTS SYLVICOLES
Le régime
C'est le premier critère de
description d'une sylviculture. Il porte sur l'origine des arbres. Ceux-ci
soit-il issus de semences (graines) ou ont-ils repoussé à partir de rejets de
souche ou de drageons, ou la forêt est-elle issue d'une régénération naturelle
? On distingue traditionnellement trois régimes de base :
la futaie, dont les arbres, nés d'une
graine, développent généralement un tronc unique ou fût ;
Le taillis, où plusieurs tiges,
issues de bourgeons réactivés par une coupe, partent d'une même base et forment
une cépée ;
le taillis sous futaie, un régime
mixte combinant taillis et futaie sur la même parcelle
Le traitement
C'est le second critère de
description d'une sylviculture. Il s'attache à la répartition des classes
d'âge.
Si les arbres sont tous sensiblement
du même âge, le traitement est dit « régulier ».
Si au contraire, tous les âges sont
représentés dans une certaine proximité, le traitement est dit « irrégulier »
Pour la futaie, il existe donc des
futaies régulières et des futaies irrégulières.
Pour le taillis, le traitement est en
principe régulier car tous les arbres ont été coupés puis ont repoussé en même
temps : c'est le taillis simple. Il existe aussi de rares cas de taillis
irréguliers, notamment le taillis fureté, dont on ne coupe à chaque fois qu'une
partie des tiges des cépées qui ont alors des âges de repousse différents.
Dans le taillis sous futaie, le
traitement du taillis est régulier, celui de la futaie est irrégulier
L'exploitation des arbres
Selon le traitement utilisé, et selon les
essences, le temps de « révolution », c'est-à-dire le délai écoulé entre le
semis et la coupe, est variable mais généralement long, de 30 à 100 ans
Il existe quatre méthodes principales
d‘ exploitation forestière, appelées « systèmes d'exploitation sylvicole ».
La coupe rase : on coupe l'ensemble
du peuplement, puis on replante ou on laisse pousser les semis naturels. C'est
une solution simple et économique car on peut faire de l'abattage mécanique,
avec une extraction facile tout ayant le meilleur rendement par rapport aux
coûts.
On obtient une forêt uniforme avec
des arbres ayant tous le même âge (structure équienne), ce qui est le plus
profitable économiquement pour la prochaine coupe.
Cependant, cette coupe porte
davantage préjudice au sol que les autres méthodes à cause de l'absence de
racines pour retenir l'eau et la terre. Il y a également plus de risques de
compaction, d'érosion et de dommages au sous-bois,.
Les forestiers peuvent masquer les
effets de la coupe à blanc en laissant sur pied des groupements d'arbres, des
bandes ou des arbres individuels pendant au moins une rotation de coupe
La coupe avec arbres semenciers :
elle ressemble beaucoup à la coupe rase, sauf qu'on laisse environ 10 % des
arbres ayant un bon phénotype comme reproducteurs dans toute la zone de coupe
par dispersion des graines. Cette technique permet de favoriser une
régénération naturelle de qualité, mais peut avoir les mêmes conséquences
qu'une coupe à blanc sur l'écosystème.
La coupe progressive de régénération
: elle se définit comme étant l'abattage ou la récolte d'arbres lors de la
première des coupes successives de régénération dans un peuplement ayant
atteint l'âge d'exploitabilité. Cela permet l'ouverture du couvert forestier, l'élimination
des arbres dominés, et favorise la régénération naturelle produite à partir des
semences provenant des arbres dominants et codominants conservés comme
semenciers.
La coupe finale doit avoir lieu
généralement entre 5 et 10 ans après la première coupe progressive de
régénération
La coupe de jardinage : cette méthode
assure la stabilité de chaque classe d'âge dans le but que la croissance de la
classe inférieure vient compresser la croissance vers la classe supérieure.
On retrouve au moins trois classes d'âge,
chacune se développant aux allures d'un peuplement équienne.
Chaque rotation doit fournir suffisamment de
volume pour permettre une opération de coupe rentable.
La coupe peut être faite de deux
manières. La première est le jardinage arbre en arbre, qui est une coupe
uniforme à travers un peuplement. La seconde est le jardinage de groupes, où on
coupe en créant des petites clairières à travers le peuplement.
Les plus grands bénéficiaires de la
coupe de jardinage sont les arbres de petit diamètre puisqu'ils profitent des
nouvelles conditions lumineuses pour gagner en croissance.
Les éclaircies
Les éclaircies sont des coupes
d'arbres de franc pied, si le peuplement est dense.
Elles visent à favoriser le
développement des arbres présentant un intérêt (le plus souvent économique) par
élimination d'arbres proches jugés moins intéressant.
La méthode de l'éclaircie peut avoir
plusieurs facettes
L'éclaircie par le bas consiste à
prélever les arbres de petit diamètre afin de dégager les sujets dominants.
Elle est simple à mettre en œuvre. Toutefois, le grand nombres d’arbres de
petits diamètres prélevés n'ont pas une grande valeur marchande.
l'éclaircie par le haut consiste à
enlever une partie des arbres de plus grand diamètre afin de favoriser la croissance
des plus beaux individus.. Cette méthode permet de stimuler la croissance..
L’éclaircie sélective: Elle favorise
la récolte des arbres dominants à gros diamètre pour laisser les petits arbres
assurer la relève. Cette méthode appauvrit le peuplement, car les arbres coupés
pourraient servir de bons semenciers pour la régénération naturelle.
La régénération naturelle quand le
forestier sélectionne et conserve des arbres « semenciers » lors des coupes,
afin que les graines présentes dans le sol et tombées des semenciers puissent
germer et régénérer la forêt.
C'est une solution efficace et peu
coûteuse lorsque les essences présentes sont bien adaptées au contexte
biogéographique et que les herbivores ne sont pas trop nombreux. Pour certaines
essences (Chêne par ex), dont les fructification ne sont pas régulières, les
délais de régénération peuvent être allongés..
Autres opérations sylvicoles
Balivage : Le balivage est l'action
de repérer les troncs les plus vigoureux afin de les conserver.
Le Dépressage : dépressage consiste à
supprimer un certain nombre de jeunes sujets issu d'une régénération naturelle
dans un peuplement très dense dont la hauteur des tiges dominantes est
généralement inférieure à 9 m, toujours pour améliorer la croissance de ceux
restants.
Élagage et taille de formation
L‘ élagage et la taille de formation
consistent à couper au ras du tronc les branches pour améliorer la forme et la
qualité du fût et du bois
Spécifiquement, l'élagage vise à
couper les branches basses, afin de produire du bois sans nœud ou de protéger
l'arbre contre la transmission de certaines maladies.
Les tailles de formation pour leur part visent
à corriger les défauts de forme et de structure. La correction des défauts de
forme est faite dans le but de former un fut droit pour la production de bois
d'œuvre. Les défauts de forme sont: les fourches, les branches qui
concurrencent la cime et les branches trop grosses
Pare-feu
Le but des pare-feu est de créer une
discontinuité dans le peuplement forestier afin de stopper ou ralentir la
progression d'un feu. Ils doivent être installés perpendiculairement aux vents
dominants pour ne pas au contraire devenir des couloirs de propagation du feu.