Crée en 1980, le parc National du
Bou-Hedma s’étend sur 16.488 ha au versant sud du Djebel Bou-Hedma.Il se situe
à 85 Km de GAFSA, 100 Km de Sidi Bouzid et 27 Km de la petite ville de Mezzouna
, le paysage de la plaine est caractérisé par une forêt-steppe subtropicale
d’Acacia raddiana.
Le Djebel Bou-Hedma qui fait partie
de la chaîne de montagne Orbata Bou-Hedma culmine à 840m.Il est le dernier
contre-fort de l’Atlas Saharien. La cuvette centrale Est draine les eaux de
l’oued Bou-Hedma et donne lieu à la source d’AÏn Cherchera.
Le climat au nord du Djebel Bou-Hedma
est un bioclimat méditerranéen aride aux hivers tempérés. Le versant Sud et la plaine du bled Talha sont, au
contraire, sous l’influence, bioclimatique continentale des hautes plaines de
Gafsa et du Sahara aux hivers frais.
En été, les températures de 45° à l’ombre, ne sont pas rares. Les
vents chauds du Sahara (siroco) et les tempêtes de sable sont fréquentes.
En hiver, les nuits claires, la
température peut descendre en dessous de 0°. La pluviométrie est très
irrégulière et dépasse rarement 100mm par an. Les pluies tombent surtout entre
l’automne et le printemps.
Ces conditions climatiques extrêmes
et une exploitation agricole caractérisée par un surpâturage intensif, le
déboisement de la forêt des Acacia raddiana,
Constituent une forte menace de
désertification croissante pour les zones semi-désertiques du bled Talha. L’ensemble de l’écosystème est en danger,
l’augmentation de l’érosion, le déboisement et l’usure des sols conduisent à la
réduction de la diversité de la flore et entraîne la disparition des espèces
animales autochtones très rares et fortement décimées par une chasse abusive.
Le Parc National du Bou-Hedma a été
créé pour protéger et réinstaller l’écosystème d’origine avec son tapis
végétale naturel et reconstituer la richesse de sa faune sauvage par la
réintroduction des espèces qui y vivaient autre fois.
L’Acacia raddina est d’une grande
utilité pour la régénération naturelle de cette région aride. Ses racines
descendent à plus de 60m de profondeur, ce qui permet à l’arbre de résister à
plusieurs années de sécheresse. Les branches raides et épineuses se dressent
contre les vents dominants du Sud et arrêtent les poussières et le sable. Par
fort sirocco, les feuilles tombent pour éviter la déshydratation de l’arbre.
Ces feuilles sont mélangées au sable par les fourmis et les rongeurs.
C’est ainsi qu’une couche d’humus se
forme sous l’arbre et permet aux herbes de pousser. Les sols protégés se
stabilisent et des herbes <<pionnières
s’installent : des graminées et autres plantes annuelles. Ensuite, ce
sont les plantes pérennes qui suivent et enfin les arbustes et les arbres.
C’est ainsi que les terres prises par le désert, redeviennent viables pour
l’homme. Ceci peut être parfaitement observé dans les zones de protection
intégrale du Parc National du Bou-Hedma.
En 1853, il y avait une forêt
d’Acacia raddiana d’environ 30.000ha. En 1957, il ne restait plus que 10ha
autour du Borj Bou-Hedma. Une protection appliquée depuis 1964 et les fortes
pluies de 1968-1969 ont permis la régénération naturelle d’une grande partie de
cette forêt steppe qui est disséminée sur 16.000 ha environ à l’heure actuelle.
Quand il pleut en hiver et au mois de
mars, la région de Bou-Hedma se transforme en
champ de fleur de liliacées, des immortelles et une multitude d’autres
fleurs de toutes les couleurs. La floraison est de courte durée, 1 à 2
semaines, puis les grains sont mûres et se dispersent pour garantir la survie
de la plante. Les oueds les plus importants, tels-que l’oued Haddej, sont
souvent remplis de lauriers roses qui préfèrent les sables et fixent le fond de
l’oued avec leurs racines.
Sur la montagne se forment souvent
des nuages du fait de la rencontre du
climat méditerranéen et du climat continental saharien. Les plantes et
les arbres profitent de l’humidité de ces nuages qui les entourent. Un jour de nuages
correspond à 2mm de pluie. Le genévrier rouge existe encore à l’état d’arbre et
on trouve l’association végétale oléolentisque.
Sur des rochers protégés poussent des
câpriers d’une dimension de plusieurs mètres. Dans les dépressions
caillouteuses, le calycotome soyeux, un arbuste épineux avec des fleurs jaunes,
fleurit au printemps. Cet arbuste est d’une grande utilité pour arrêter
l’érosion des sols et il permet aux perdreaux et aux lièvres d’élever leurs
petits en sûreté. La tortue terrestre trouve également refuge sous ces arbustes
épineux.
S’il pleut en novembre ou décembre,
des << terfeZ apparaissent au mois
de février-mars. Il s’agit de la truffe blanche du Sahara qui pousse surtout
dans les régions protégées,
Sous les hélianthèmes et l’armoise
blanche, le long des dépressions d’écoulement. Cette truffe qui a très bon
goût, est très prisée par les habitants du Sud. La présence de chaque plante
dépend de facteurs limitant comme par exemple la température, l’eau, le vent et
le sol. Leur réparation renseigne sur les types de sols que l’on trouve dans le
Parc National, le climat, mais aussi sur l’état général de cet écosystème.
Dans les régions montagneuses du
Sahara et leurs abords, on trouve le mouflon à manchettes (Ammontragus lervia).
C’est un excellent grimpeur. On le trouve par petits groupes de 6 à plus de 20
bêtes dans les montagnes arides du Djebel Bou-Hedma.
Des grands mâles sont souvent solitaires.
Ils s’abreuvent quotidiennement en été. C’est à cette époque, tôt le matin ou
le soir qu’il est possible de les observer près de la source d’Ain Cherchera.
Un observatoire bien camouflé a été spécialement aménagé. Le mâle du Mouflon à
manchettes a de puissantes cornes recourbées vers l’arrière et une longue
crinière sous le cou et entre les pattes de devant. Il peut atteindre un poids
de 100 kg. A chaque printemps, la femelle met bas 1 à 2 petits.
La gazelle Dorcas est la plus petite gazelle
de la Tunisie. Son poids ne dépasse guère 18 kg. Elle vit en petits groupes de
femelles avec leurs petits et un mâle dominant. Les jeunes mâles sont souvent
en groupe de célibataire et les mâles adultes sont isolés et ils occupent un
territoire bien défini et défendu. Ce sont ces mâles qui peuvent être plus
facilement observés.
En Tunisie les gazelles fréquente les
piémonts des montagnes arides et le bord des sebkhas et des chotts. Bien
adaptée au climat saharien, la gazelle dorcas n’a pas besoin de s’abreuver, la
rosée et l’eau des plantes qu’elle broute lui suffisent. Au printemps, rarement
en automne, la femelle met bas 1 petit.
Le Gondi (ctenodactylus gundi) est un
petit rongeur de la forme d’un cobaye. Il vit en petites colonies dans les
fentes des rochers au pied du Dj. Bou-Hedma. Cet animal se déplace rapidement
sur les rochers grâce à des coussins mous et des poils sous ses pattes. Le gondi
aime le soleil et pour en profiter au maximum, il s’aplati entièrement sur les
rochers. Mais pendant les heures les plus chaudes de la journée ou lorsqu’il
fait froid, il se met à l’abri. Il est très méfiant et émet un sifflement au
premier danger pour disparaître rapidement dans son refuge. Pour échapper aux
prédateurs qui chassent essentiellement à vue, tels les serpents, varans,
renards, chacals et rapaces, il s’immobilise complètement et sa couleur beige
se confond avec les rochers. Chaque été la femelle met bas 2 à 4 petits qui
naissent avec une fourrure et les yeux ouverts.
La Gerboise (Jaculus jaculus) est une
espèce strictement nocturne. Elle fréquente les steppes, les bords des sebkhas,
les zones rocheuses et les plaines arides du Sud de la Tunisie. Elle se déplace
par bonds et peut effectuer de longs trajets la nuit.
Sa nourriture se compose de graines,
feuilles et petits pousses. Le jour les gerboises se réfugient dans un terrier,
dont l’orifice est refermé derrière l’animal. C’est ainsi qu’elle se protège
contre les serpents et varans. La gerboise est facilement observable la nuit
dans les phares des voitures, quand elle traverse les pistes ou la route. Ses
principaux prédateurs sont le renard, le chacal, les serpents, le varan et le
hibou grand-duc.
L’avifaune du Bou-Hedma est très
riche, surtout au printemps. Pendant la migration, beaucoup d’oiseaux
s’arrêtent dans les broussailles. Les plus remarquables sont les loriots d’Europe avec leurs couleurs
noir et jaune vif et leur chant flûte. La huppe fasciée avec son long bec
courbé pour retirer les insectes des trous des arbres et de la terre, et sa
huppe rousse à bord noir, niche dans les tas de pierres. La rubiette de
moussier, assez rare, et les bruants
striolés <<Bou-Hedma visitent
chaque année le Borj Bou-Hedma pour ramasser les miettes.
Beaucoup d’oiseaux sont originaires
des régions sahariennes : le Sirli du dessert, le courvite isabelle et les
engoulevents. Dans la montagne il y a
les traquets à tête blanche et le bouvreuil githagine nuancé de rose avec un
bec rouge vif. Le long de la rigole d’eau qui traverse le Parc, des gangas
s’abreuvent pendant la nidification et les journées très chaudes. La chevêche
chasse les petits rongeurs et le hibou grand-duc, les lièvres et les gerboises.
La perdrix gambra s’est multiplié par
dizaines au Parc il ne s’envole plus à l’approche des visiteurs. Pendant l’été,
les guêpiers d’Europe se rassemblent sur les grands eucalyptus du Borj et leurs
cris aigus d’un <<guilp liquide
dominent la région.
Le cratérope fauve vit dans les
acacias raddiana. Il se nourrit d’insectes. Ses ailes sont courtes, sa queue
est longue et étagée, son bec est également recourbé. Le cratérope vol mal, il
préfère se déplacer dans les arbres, les fourrés et par terre. On peut
l’observer notamment dans la région du Bou-Hedma.
L’aigle royal est rare. Il niche dans
les falaises du Dj.Bou-Hedma. Il est reconnaissable à ses régimes primaires écartées
pendant le vol. Son envergure est de 2m. Il se nourrit de petits mammifères, de
perdreaux et de gangas.
Les reptiles du Bou-Hedma sont
surtout visibles en été, le matin ou le soir. Au pied de la montagne, les
fouettes-queues vivent sous des pierres. C’est le seul reptile qui se nourrit
de plantes. Le matin, aux premiers rayons du soleil, un grand nombre de tortues
grecques ( Testudo graeca) deviennent actives pour chercher des herbes, et il
n’est pas rare de trouver un caméléon dans les brousailles.
Sur
les murs et les pierres, les tarentules chassent les insectes et l’agame du
désert perché sur un petit arbuste, surveille la région. Le cobra
dénommé<<Bouftira dans la région,
vit dans les broussailles. Son corps de couleur foncée peut atteindre 2m. Il se
dresse pour impressionner sa proie et son cou devient large et presque plat. De
par son alimentation, il contribue à la lutte contre la désertification. Il se
nourrit en effet d’une grande quantité de petits rongeurs qui deviennent
nuisibles, lorsqu’ils sont en surnombre.
Dans le Djebel Bou-Hedma vit la
vipère des pyramides (Eches carinata), elle est très rare en Tunisie. Cette
vipère est très venimeuse. Elle s’appelle également vipère minute. La vipère à
cornes et la vipère lebetine habitent le
piedmont et la vipère des sables, la plaine.
Le varan du désert peut atteindre une
longueur de 1.20m. Il se nourrit de petits rongeurs et de serpents. Autour du
Borj et de la pépinière, des varans ont été lâchés pour lutter contre les
petits rongeurs et les vipères. Le Tropiocolote d’Algérie (Tropiocolotes
tripolitanus) est un gecko de taille moyenne qui vit sous les pierres. Il est
nocturne et se nourrit d’insectes.
Le Crapaud de Maurétanie (Bufo
mauritanicus) est une espèce nocturne. Sa nourriture se compose d’insectes et
de mollusques. Le jour il passe sous une pierre ou d’un terrier de rongeurs
abandonnés.
Un des objectifs du Parc National du
Bou-Hedma est la réintroduction d’espèces animales fortement menacées ou déjà
disparues du Sud de la Tunisie. Ces animaux proviennent principalement de zoos
qui les élèvent pour les mettre à la disposition des projets de réintroduction.
Plus tard, le surplus des animaux
réintroduits, servira à la réintroduction de ces animaux dans d’autres Réserves
et Parcs Nationaux des régions sahariennes. Le lâcher en pleinte nature est
également prévu.
L’antilope addax a été exterminée
dans le Sud de la Tunisie vers 1930. Elle est de taille moyenne et d’allure
assez lourde. C’est une antilope des régions désertiques et ses sabots élargis
spongieux sont bien adaptés à l’habitat sablonneux. Elle a été réintroduite au
Bou-Hedma en 1985.
L’antiolpe oryx dammah a été
réintroduite au Parc en 1986, elle a été exterminée au début du siècle. L’oryx
est un animal élégant, mais dangereux à cause de ses longues cornes courbées
vers l’arrière. Il habite les steppes arborées arides et sahariennes. Au
bou-Hedma, les Oryx se sont bien reproduits.
La gazelle damah mhorr, très rare,
introduite en 1987, est originaire du
Sahara marocaine. Sa hauteur peut atteindre 100 cm et son poids jusqu’à 70 Kg.
C’est une gazelle des régions sahariennes de l’Afrique du Nord. Son
alimentation comprend en grande partie des feuilles. La gazelle couvre ses
besoins en eau par l’ingestion de feuilles vertes d’Acacia raddiana, d’arbustes
et d’herbacée.
En 1887 la dernière autruche sauvage
a été tuée dans la région de Médnine. L’autruche à cou rouge de l’Afrique du nord
(Struthio camelus) est devenue très rare. L’autruche pond sa couvée dans un nid
de sable qui compte jusqu’à 20 œufs. Un œuf équivaut à 28 œufs de poule. Sa
nourriture se compose de végétaux, d’insectes, mollusques et de reptiles. Comme
l’autruche a disparu du sud du pays, elle a été intégrée au programme de
réintroduction de la faune sauvage.
Historique
1853 Signalement de l’importance de
la forêt d’Acacia raddiana, en tant que vestige d’une ancienne savane
présaharienne.
1936 Ahmed Pacha Bey décrète le
Bou-Hedma Parc d’Etat avec au moins 5.000 ha.
1963 Immatriculation de la
Conservation de la Propriété Foncière sous-titre N° 36 S Sfax
1980 Le Bou-Hedma est décrété
Parc National Archéologie.
Depuis le néolithique, il y a plus de
10.000 ans, l’homme a laissé ses traces au Bou-Hedma : des silex taillés en
outils et des chambres dolmeni-formes dissimulées sous un tumulus artificiel entouré d’un cercle de pierres. A l’époque romaine, le
Bou-Hedma était une région importante pour l’agriculture. Le piémont et même la
montagne étaient aménagés en terrasses pour retenir le sol et l’eau.
D’importants ouvrages hydrauliques
ont été découverts : des barrages dans le djebel, un mur de plus de huit mètres
de haut et plusieurs centaines de mètres de long pour dévier les eaux de l’oued
Haddej, des canaux et des bassins de retenue pour irriguer les champs et les
terrasses. Les Romains avaient même aménagé
des routes pavées en pierres. Les habitants actuels utilisent encore des
citernes datant de l’époque romaine.
Dans les montagnes avoisinantes, on
trouve souvent des restes d’ancien jessours et de villages berbères, dont les
habitants avaient une parfaite maîtrise de l’utilisation des eaux de
ruissellement et des cultures sur la montagne et sur le piémont.
Ecomusée
Près du Borj Bou-Hedma se trouve un
Ecomusée. Il fait fonction de centre d’accueil, d’information et de recherches.
A partir de cet Ecomusée, il y a une belle vue sur le Dj. Bou-Hedma, les
acacias et la faune sauvage. Non loin de ce centre existe une petite forêt de
vieux eucalyptus. Une rigole qui ramène les eaux des sources d’Ain Cherchera de la Montagne,
traverse cette forêt aménagée en lieu de repos. Quelques animaux du Parc sont exposés dans des enclos. Une rigole
alimente en dehors du Parc National un abreuvoir pour le bétail et les
dromadaires de la région du Bou-Hedma. 22 Km à l’Ouest du Bordj, se trouve
Haddej, c’est la deuxième partie du Parc National avec de la faune sauvage et
des ouvrages hydrauliques romains.