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jeudi 24 octobre 2013

Quelles sont la présentation et composantes du parc national de Bouhedma?

Crée en 1980, le parc National du Bou-Hedma s’étend sur 16.488 ha au versant sud du Djebel Bou-Hedma.Il se situe à 85 Km de GAFSA, 100 Km de Sidi Bouzid et 27 Km de la petite ville de Mezzouna , le paysage de la plaine est caractérisé par une forêt-steppe subtropicale d’Acacia raddiana.
Le Djebel Bou-Hedma qui fait partie de la chaîne de montagne Orbata Bou-Hedma culmine à 840m.Il est le dernier contre-fort de l’Atlas Saharien. La cuvette centrale Est draine les eaux de l’oued Bou-Hedma et donne lieu à la source d’AÏn Cherchera.
Le climat au nord du Djebel Bou-Hedma est un bioclimat méditerranéen aride aux hivers tempérés. Le versant Sud  et la plaine du bled Talha sont, au contraire, sous l’influence, bioclimatique continentale des hautes plaines de Gafsa et du Sahara aux hivers frais.
En été, les températures   de 45° à l’ombre, ne sont pas rares. Les vents chauds du Sahara (siroco) et les tempêtes de sable sont fréquentes.
En hiver, les nuits claires, la température peut descendre en dessous de 0°. La pluviométrie est très irrégulière et dépasse rarement 100mm par an. Les pluies tombent surtout entre l’automne et le printemps.
Ces conditions climatiques extrêmes et une exploitation agricole caractérisée par un surpâturage intensif, le déboisement de la forêt des Acacia raddiana,
Constituent une forte menace de désertification croissante pour les zones semi-désertiques du bled Talha.  L’ensemble de l’écosystème est en danger, l’augmentation de l’érosion, le déboisement et l’usure des sols conduisent à la réduction de la diversité de la flore et entraîne la disparition des espèces animales autochtones très rares et fortement décimées par une chasse abusive.
Le Parc National du Bou-Hedma a été créé pour protéger et réinstaller l’écosystème d’origine avec son tapis végétale naturel et reconstituer la richesse de sa faune sauvage par la réintroduction des espèces qui y vivaient autre fois.
L’Acacia raddina est d’une grande utilité pour la régénération naturelle de cette région aride. Ses racines descendent à plus de 60m de profondeur, ce qui permet à l’arbre de résister à plusieurs années de sécheresse. Les branches raides et épineuses se dressent contre les vents dominants du Sud et arrêtent les poussières et le sable. Par fort sirocco, les feuilles tombent pour éviter la déshydratation de l’arbre. Ces feuilles sont mélangées au sable par les fourmis et les rongeurs.
C’est ainsi qu’une couche d’humus se forme sous l’arbre et permet aux herbes de pousser. Les sols protégés se stabilisent et des herbes <<pionnières  s’installent : des graminées et autres plantes annuelles. Ensuite, ce sont les plantes pérennes qui suivent et enfin les arbustes et les arbres. C’est ainsi que les terres prises par le désert, redeviennent viables pour l’homme. Ceci peut être parfaitement observé dans les zones de protection intégrale du Parc National du Bou-Hedma.
En 1853, il y avait une forêt d’Acacia raddiana d’environ 30.000ha. En 1957, il ne restait plus que 10ha autour du Borj Bou-Hedma. Une protection appliquée depuis 1964 et les fortes pluies de 1968-1969 ont permis la régénération naturelle d’une grande partie de cette forêt steppe qui est disséminée sur 16.000 ha environ à l’heure actuelle.
Quand il pleut en hiver et au mois de mars, la région de Bou-Hedma se transforme en  champ de fleur de liliacées, des immortelles et une multitude d’autres fleurs de toutes les couleurs. La floraison est de courte durée, 1 à 2 semaines, puis les grains sont mûres et se dispersent pour garantir la survie de la plante. Les oueds les plus importants, tels-que l’oued Haddej, sont souvent remplis de lauriers roses qui préfèrent les sables et fixent le fond de l’oued avec leurs racines.
Sur la montagne se forment souvent des nuages du fait de la rencontre du  climat méditerranéen et du climat continental saharien. Les plantes et les arbres profitent de l’humidité de ces nuages  qui les entourent. Un jour de nuages correspond à 2mm de pluie. Le genévrier rouge existe encore à l’état d’arbre et on trouve l’association végétale oléolentisque.
Sur des rochers protégés poussent des câpriers d’une dimension de plusieurs mètres. Dans les dépressions caillouteuses, le calycotome soyeux, un arbuste épineux avec des fleurs jaunes, fleurit au printemps. Cet arbuste est d’une grande utilité pour arrêter l’érosion des sols et il permet aux perdreaux et aux lièvres d’élever leurs petits en sûreté. La tortue terrestre trouve également refuge sous ces arbustes épineux.
S’il pleut en novembre ou décembre, des << terfeZ  apparaissent au mois de février-mars. Il s’agit de la truffe blanche du Sahara qui pousse surtout dans les régions protégées,
Sous les hélianthèmes et l’armoise blanche, le long des dépressions d’écoulement. Cette truffe qui a très bon goût, est très prisée par les habitants du Sud. La présence de chaque plante dépend de facteurs limitant comme par exemple la température, l’eau, le vent et le sol. Leur réparation renseigne sur les types de sols que l’on trouve dans le Parc National, le climat, mais aussi sur l’état général de cet écosystème.
Dans les régions montagneuses du Sahara et leurs abords, on trouve le mouflon à manchettes (Ammontragus lervia). C’est un excellent grimpeur. On le trouve par petits groupes de 6 à plus de 20 bêtes dans les montagnes arides du Djebel Bou-Hedma.
Des grands mâles sont souvent solitaires. Ils s’abreuvent quotidiennement en été. C’est à cette époque, tôt le matin ou le soir qu’il est possible de les observer près de la source d’Ain Cherchera. Un observatoire bien camouflé a été spécialement aménagé. Le mâle du Mouflon à manchettes a de puissantes cornes recourbées vers l’arrière et une longue crinière sous le cou et entre les pattes de devant. Il peut atteindre un poids de 100 kg. A chaque printemps, la femelle met bas 1 à 2 petits.
La gazelle Dorcas est la plus petite gazelle de la Tunisie. Son poids ne dépasse guère 18 kg. Elle vit en petits groupes de femelles avec leurs petits et un mâle dominant. Les jeunes mâles sont souvent en groupe de célibataire et les mâles adultes sont isolés et ils occupent un territoire bien défini et défendu. Ce sont ces mâles qui peuvent être plus facilement observés.
En Tunisie les gazelles fréquente les piémonts des montagnes arides et le bord des sebkhas et des chotts. Bien adaptée au climat saharien, la gazelle dorcas n’a pas besoin de s’abreuver, la rosée et l’eau des plantes qu’elle broute lui suffisent. Au printemps, rarement en automne, la femelle met bas 1 petit.
Le Gondi (ctenodactylus gundi) est un petit rongeur de la forme d’un cobaye. Il vit en petites colonies dans les fentes des rochers au pied du Dj. Bou-Hedma. Cet animal se déplace rapidement sur les rochers grâce à des coussins mous et des poils sous ses pattes. Le gondi aime le soleil et pour en profiter au maximum, il s’aplati entièrement sur les rochers. Mais pendant les heures les plus chaudes de la journée ou lorsqu’il fait froid, il se met à l’abri. Il est très méfiant et émet un sifflement au premier danger pour disparaître rapidement dans son refuge. Pour échapper aux prédateurs qui chassent essentiellement à vue, tels les serpents, varans, renards, chacals et rapaces, il s’immobilise complètement et sa couleur beige se confond avec les rochers. Chaque été la femelle met bas 2 à 4 petits qui naissent avec une fourrure et les yeux ouverts.
La Gerboise (Jaculus jaculus) est une espèce strictement nocturne. Elle fréquente les steppes, les bords des sebkhas, les zones rocheuses et les plaines arides du Sud de la Tunisie. Elle se déplace par bonds et peut effectuer de longs trajets la nuit.
Sa nourriture se compose de graines, feuilles et petits pousses. Le jour les gerboises se réfugient dans un terrier, dont l’orifice est refermé derrière l’animal. C’est ainsi qu’elle se protège contre les serpents et varans. La gerboise est facilement observable la nuit dans les phares des voitures, quand elle traverse les pistes ou la route. Ses principaux prédateurs sont le renard, le chacal, les serpents, le varan et le hibou grand-duc.
L’avifaune du Bou-Hedma est très riche, surtout au printemps. Pendant la migration, beaucoup d’oiseaux s’arrêtent dans les broussailles. Les plus remarquables  sont les loriots d’Europe avec leurs couleurs noir et jaune vif et leur chant flûte. La huppe fasciée avec son long bec courbé pour retirer les insectes des trous des arbres et de la terre, et sa huppe rousse à bord noir, niche dans les tas de pierres. La rubiette de moussier, assez rare,  et les bruants striolés <<Bou-Hedma    visitent chaque année le Borj Bou-Hedma pour ramasser les miettes.
Beaucoup d’oiseaux sont originaires des régions sahariennes : le Sirli du dessert, le courvite isabelle et les engoulevents. Dans  la montagne il y a les traquets à tête blanche et le bouvreuil githagine nuancé de rose avec un bec rouge vif. Le long de la rigole d’eau qui traverse le Parc, des gangas s’abreuvent pendant la nidification et les journées très chaudes. La chevêche chasse les petits rongeurs et le hibou grand-duc, les lièvres et les gerboises.
La perdrix gambra s’est multiplié par dizaines au Parc il ne s’envole plus à l’approche des visiteurs. Pendant l’été, les guêpiers d’Europe se rassemblent sur les grands eucalyptus du Borj et leurs cris aigus d’un <<guilp   liquide dominent la région.
Le cratérope fauve vit dans les acacias raddiana. Il se nourrit d’insectes. Ses ailes sont courtes, sa queue est longue et étagée, son bec est également recourbé. Le cratérope vol mal, il préfère se déplacer dans les arbres, les fourrés et par terre. On peut l’observer notamment dans la région du Bou-Hedma.
L’aigle royal est rare. Il niche dans les falaises du Dj.Bou-Hedma. Il est reconnaissable à ses régimes primaires écartées pendant le vol. Son envergure est de 2m. Il se nourrit de petits mammifères, de perdreaux et de gangas.
Les reptiles du Bou-Hedma sont surtout visibles en été, le matin ou le soir. Au pied de la montagne, les fouettes-queues vivent sous des pierres. C’est le seul reptile qui se nourrit de plantes. Le matin, aux premiers rayons du soleil, un grand nombre de tortues grecques ( Testudo graeca) deviennent actives pour chercher des herbes, et il n’est pas rare de trouver un caméléon dans les brousailles.
         Sur les murs et les pierres, les tarentules chassent les insectes et l’agame du désert perché sur un petit arbuste, surveille la région. Le cobra dénommé<<Bouftira   dans la région, vit dans les broussailles. Son corps de couleur foncée peut atteindre 2m. Il se dresse pour impressionner sa proie et son cou devient large et presque plat. De par son alimentation, il contribue à la lutte contre la désertification. Il se nourrit en effet d’une grande quantité de petits rongeurs qui deviennent nuisibles, lorsqu’ils sont en surnombre.
Dans le Djebel Bou-Hedma vit la vipère des pyramides (Eches carinata), elle est très rare en Tunisie. Cette vipère est très venimeuse. Elle s’appelle également vipère minute. La vipère à cornes et la vipère lebetine habitent  le piedmont et la vipère des sables, la plaine.
Le varan du désert peut atteindre une longueur de 1.20m. Il se nourrit de petits rongeurs et de serpents. Autour du Borj et de la pépinière, des varans ont été lâchés pour lutter contre les petits rongeurs et les vipères. Le Tropiocolote d’Algérie (Tropiocolotes tripolitanus) est un gecko de taille moyenne qui vit sous les pierres. Il est nocturne et se nourrit d’insectes.
Le Crapaud de Maurétanie (Bufo mauritanicus) est une espèce nocturne. Sa nourriture se compose d’insectes et de mollusques. Le jour il passe sous une pierre ou d’un terrier de rongeurs abandonnés.
Un des objectifs du Parc National du Bou-Hedma est la réintroduction d’espèces animales fortement menacées ou déjà disparues du Sud de la Tunisie. Ces animaux proviennent principalement de zoos qui les élèvent pour les mettre à la disposition des projets de réintroduction.
Plus tard, le surplus des animaux réintroduits, servira à la réintroduction de ces animaux dans d’autres Réserves et Parcs Nationaux des régions sahariennes. Le lâcher en pleinte nature est également prévu.
L’antilope addax a été exterminée dans le Sud de la Tunisie vers 1930. Elle est de taille moyenne et d’allure assez lourde. C’est une antilope des régions désertiques et ses sabots élargis spongieux sont bien adaptés à l’habitat sablonneux. Elle a été réintroduite au Bou-Hedma en 1985.
L’antiolpe oryx dammah a été réintroduite au Parc en 1986, elle a été exterminée au début du siècle. L’oryx est un animal élégant, mais dangereux à cause de ses longues cornes courbées vers l’arrière. Il habite les steppes arborées arides et sahariennes. Au bou-Hedma, les Oryx se sont bien reproduits.
La gazelle damah mhorr, très rare, introduite en 1987, est  originaire du Sahara marocaine. Sa hauteur peut atteindre 100 cm et son poids jusqu’à 70 Kg. C’est une gazelle des régions sahariennes de l’Afrique du Nord. Son alimentation comprend en grande partie des feuilles. La gazelle couvre ses besoins en eau par l’ingestion de feuilles vertes d’Acacia raddiana, d’arbustes et d’herbacée.
En 1887 la dernière autruche sauvage a été tuée dans la région de Médnine. L’autruche à cou rouge de l’Afrique du nord (Struthio camelus) est devenue très rare. L’autruche pond sa couvée dans un nid de sable qui compte jusqu’à 20 œufs. Un œuf équivaut à 28 œufs de poule. Sa nourriture se compose de végétaux, d’insectes, mollusques et de reptiles. Comme l’autruche a disparu du sud du pays, elle a été intégrée au programme de réintroduction de la faune sauvage.
Historique
1853 Signalement de l’importance de la forêt d’Acacia raddiana, en tant que vestige d’une ancienne savane présaharienne.
1936 Ahmed Pacha Bey décrète le Bou-Hedma Parc d’Etat avec au moins 5.000 ha.
1963 Immatriculation de la Conservation de la Propriété Foncière sous-titre  N° 36 S Sfax
1980 Le Bou-Hedma est décrété Parc  National Archéologie.
Depuis le néolithique, il y a plus de 10.000 ans, l’homme a laissé ses traces au Bou-Hedma : des silex taillés en outils et des chambres dolmeni-formes dissimulées sous un  tumulus artificiel entouré d’un  cercle de pierres. A l’époque romaine, le Bou-Hedma était une région importante pour l’agriculture. Le piémont et même la montagne étaient aménagés en terrasses pour retenir le sol et l’eau.
D’importants ouvrages hydrauliques ont été découverts : des barrages dans le djebel, un mur de plus de huit mètres de haut et plusieurs centaines de mètres de long pour dévier les eaux de l’oued Haddej, des canaux et des bassins de retenue pour irriguer les champs et les terrasses. Les Romains avaient même  aménagé des routes pavées en pierres. Les habitants actuels utilisent encore des citernes datant de l’époque romaine.
Dans les montagnes avoisinantes, on trouve souvent des restes d’ancien jessours et de villages berbères, dont les habitants avaient une parfaite maîtrise de l’utilisation des eaux de ruissellement et des cultures sur la montagne et sur le piémont.
Ecomusée

Près du Borj Bou-Hedma se trouve un Ecomusée. Il fait fonction de centre d’accueil, d’information et de recherches. A partir de cet Ecomusée, il y a une belle vue sur le Dj. Bou-Hedma, les acacias et la faune sauvage. Non loin de ce centre existe une petite forêt de vieux eucalyptus. Une rigole qui ramène les eaux  des sources d’Ain Cherchera de la Montagne, traverse cette forêt aménagée en lieu de repos. Quelques animaux du Parc  sont exposés dans des enclos. Une rigole alimente en dehors du Parc National un abreuvoir pour le bétail et les dromadaires de la région du Bou-Hedma. 22 Km à l’Ouest du Bordj, se trouve Haddej, c’est la deuxième partie du Parc National avec de la faune sauvage et des ouvrages hydrauliques romains.